Joël Person est né en 1962 à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Peintre et dessinateur, il allie dans ses compositions la pureté quasi classique du trait et une intensité rare de l’expression. Il compte de nombreuses expositions personnelles et collectives en France et en Chine. Il vit à Paris. Diplômé des Beaux-Arts de Paris. Joël Person connaît les pièges de la virtuosité. Il cherche l’instant ou l’influx nerveux, le jaillissement du vivant vont subvertir le cadre soigné de la figuration. Saturé d’énergie, le corps du cheval lui donne, depuis vingt ans, cette expérience du débordement et de la submersion. »

Fils de Yves Person, célèbre professeur d’histoire de l’Afrique moderne et contemporaine à la Sorbonne, ancien administrateur d’outre mer, et de Jeannine Campaignolle diplômée des beaux arts de Paris. Joël Person développe très tôt la maîtrise du dessin comme vecteur d’expression hégémonique. Confronté à une histoire familiale forte et romanesque, il puise sa fascination du cheval au sein de son patrimoine et des multiples récits qui la jalonnent.

Tel ce cheval Tang, figure ambiguë de tous les interdits « offert à ma mère par mon grand-père, pilote du port de Shanghai. En guise de menace, ma mère qui craint que je ne le casse, me répète souvent : si tu le touches il va te mordre. » Plus tard il découvre dans le bureau de son père, en Bretagne, un tableau qui le bouleverse : le supplice de Brunehaut. Peint par son ancêtre Magne-Delacroix, l’œuvre représente un cheval au galop trainant une femme nue par les cheveux.

A 13 ans, Joël Person crée une adaptation en bande dessinée de « L’auberge de la Jamaïque » de Daphné du Maurier. Roman offert par sa mère, il y projette ses pulsions sous-jacentes, la figure du cheval comme motif androgyne récurant. Son attention toute particulière pour le bestiaire animalier n’aura de cesse d’être une source d’inspiration continuellement renouvelée, en témoigne ses croquis réalisés à la ménagerie du Jardin des Plantes à l’âge de 17 ans.

La série des portraits mortuaires de son père marque une période charnière, tant dans son rapport au dessin que dans sa représentation du réel.

En 1982, décès de son père, Joël Person rentre aux Beaux-Arts de Paris dont il sortira diplômé et félicité en 1986.

Lors de son service militaire il intègre le SIRPA où le dessin devient un vecteur de communication qui abolie toute forme de classe sociale. « L’adjudant chef qui nous mettait au garde à vous chaque matin, regardant mes portraits d’appelés souhaita commander le sien, à son tour de ne plus bouger pour poser devant moi. En découla un amitié au delà de la hiérarchie militaire ».

Outre cette ligne de vie consacrée au dessin, sa route le ramène souvent vers la mer, dans sa Bretagne paternelle, pour naviguer à bord de son waterstart. La recherche d’une sensation extrême, précise et immédiate, comme sa vision du croquis sur le vif.

Une discipline exigeante dont il devient professeur diplômé via la Fédération Française de Voile. Il intensifie ses traversées après le décès de sa mère, jusqu’à ce que le dessin rayonne à nouveau au début des années des 2000 lorsque Jérome Kaplan puis Jacques Frezal lui permettent d’enseigner le croquis.

De part sa rencontre avec Jérome Gerrand Hermès, avec qui il noue des liens d’amitiés privilégiés, Joël Person intègre différentes collections publiques et privées en France et à l’étranger. Notamment en Chine, sur les traces familiales de son cheval Tang, où il développe plusieurs résidences. Son regard, aiguisé, sensible, s’incarne aujourd’hui dans tout ce qu’il touche, sa série « Bruit du monde », des usines de Calcutta aux centres équestres, dans la pénombre des salles de concerts. « Dessiner c’est toucher à distance ».